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La loi 101 et le fatalisme linguistique

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Dans son billet « La loi 101 et la vraie vie », publié sur le média cryptofédéraliste Voir, Jérôme Lussier donne l’exemple d’une entreprise montréalaise qui, selon lui, aurait beaucoup de problèmes à faire appliquer le règlement de la loi 101 qui imposerait le français comme langue de travail aux entreprises de moins de 50 employés. Et le but de l’exercice est de brandir la menace économique, comme quoi la loi 101 ferait fuir beaucoup d’entreprises, qu’il y aurait des pertes d’emplois, etc.

La démonstration est éloquente, mais son talon d’Achille se trouve dans ce passage :

 

Sans surprise, la langue de travail est l’anglais, la seule qui permette aux employés anglos, francos, chinois, iraniens, tchèques, roumains et russes (et autres) de communiquer entre eux, avec leurs fournisseurs et leurs clients, presque tous étrangers.

 

Je ne sais pas si c’est voulu, mais c’est une grave erreur de mélanger dans la même phrase la langue de travail et la langue de communication avec les clients. Je crois que même un ultra-nationaliste anglophobe peut comprendre qu’une compagnie qui fait affaire avec l’extérieur du Québec se doit d’engager des employés qui parlent anglais. Mais pour ce qui est de la langue de travail, la seule chose qui empêche les employés de communiquer entre eux en français est la méconnaissance de cette langue par ces employés. Ça tombe que le but de la loi 101 est, entre autres, de faire en sorte que, le plus possible, la langue de travail soit le français, ce qui semble tout à fait saugrenu pour plusieurs. Et je soupçonne que c’est le cas de Jérôme Lussier. Pour lui, dans certains cas, comme il tente de le démontrer, c’est une fatalité que la langue de travail soit l’anglais, c’est même une question de vie ou de mort.

Donc, je répète, le problème n’est pas qu’on demande le bilinguisme à des employés francophones pour communiquer avec, par exemple, des clients états-uniens, mais bien qu’ils n’aient pas le choix de travailler en anglais au Québec (le fait que l’exemple du blogueur se passe à Montréal ne devrait pas faire de différence…). Et en plus, il ne faut pas oublier que si la langue de travail dans cette compagnie est l’anglais, cela n’aide aucunement les autres employés à apprendre le français… Pourquoi apprendre une nouvelle langue quand tu n’en as pas besoin?

Voilà où se trouve la problématique de la langue de travail. Si nous voulons que le français ne soit pas relayé au deuxième rang derrière l’anglais comme langue commune mondiale couplée au fait que c’est la langue de la minorité (anglaise — à laquelle beaucoup d’immigrants adhèrent, comme succédané au français), il faut aller un peu plus loin que la bonne volonté. Devant tout ça, question de désigner un coupable, on a le choix de pointer le français ou le fait de ne pas le parler. Donc, avec une loi 101 qui légiférerait au niveau des entreprises avec moins de 50 employés, il faudrait bien sûr travailler en amont, au niveau de la francisation, domaine qui a été délaissé par nos valeureux libéraux qui ont le front de nous dire que le fait français est important pour eux.

Sinon, je comprends tout à fait le but de Jérôme Lussier de pointer la difficulté de changer les habitudes, avec les possibles répercussions et problèmes. Mais là il n’a pas voulu aller, c’est du côté des solutions dont, justement, la francisation. Ce n’est pas en faisant preuve de fatalisme, proche cousin du cynisme, que la situation du français va s’améliorer. On pourrait toujours arguer qu’il n’y a pas de problème avec le français, mais je crois que la problématique décrite par le blogueur du Voir en est une preuve de plus, même si ce n’était certainement pas son but…


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